quinta-feira, 17 de fevereiro de 2011

La leçon de Piano - Campion (1993)


Je peux raconter les plans du dernier film que j'ai vu, les crissements et les grincements et les roucoulements, la lumière verte et grise autour des racines sombres, et sourdait une humidité poisseuse et immobile, avec des raies de soleil blanc entre les feuilles épaisses, et la mélodie d'un piano qui s'enroulait autour des branches et se glissait le long des troncs faits de multiples troncs et s'enfonçait dans la boue noire et luisante que recouvraient mal des tapis de feuilles mortes, avec au loin la promesse d'une plage immense où les rouleaux s'étendaient à l'infini, la forme des montagnes comme des guetteurs accroupis pour scruter l'horizon ; et là-dedans une pianiste muette envoyée par son père pour être mariée à un planteur de clôtures à la virilité incertaine et si éloigné de comprendre les aborigènes alentours qu'il ne fait que ça, oui, planter des clôtures, et échanger des fusils contre des terres qu'on ne veut pas lui vendre à cause de cimetières d'ancêtres, et heureusement qu'il y a son voisin qui traduit pour lui - mais le voisin, finalement, à force d'être fasciné par la femme muette qui joue du piano avec ses doigts si blancs et si fins, avec son cou si blanc et si gracile, avec ses cheveux et ses yeux si noirs, et sa robe noire aussi qui s'évase autour d'elle, le trait de khôl sous ses yeux et les tresses noires serrées qui tombent autour de ses oreilles et remontent vers un chignon parfait - à force d'être fasciné ce voisin, il en tombe amoureux, même si au début il la manipule, parce que c'est lui qui a hérité du piano abandonné sur la plage finalement, et il peut exiger des leçons de piano, puis il peut monayer quelques bonnes grâces, une bonne grâce pour chaque octave, et elle a acceptée cette pianiste muette au cou gracile, même si elle a faillit s'envoler la première fois où il a posé la main sur son cou si blanc, elle a accepté avec son regard noir et elle accepte de plus en plus jusqu'à la nudité, et il n'y a plus le son du piano qui s'enroule et s'étire mais les grincements et les crissements et les roucoulements de la jungle autour, la moiteur autour des corps nus, même si ils ne coucheront pas ensemble, pas cette fois là.