sábado, 25 de abril de 2015

Euromed // Docks de la Joliette

Le Mistral souffle. Mer bleue acier au loin, derrière les docks de la Joliette. Les pierres brillent de rénovation sous le soleil, puisque c'est bien lui qui devrait attirer l'argent des cieux grisailleux du nord.

La « pierre angulaire d'Euromed » (nous rappelle le site internet, si l'on voulait oublier que le projet s'était profilé par là) est « un patrimoine en devenir ». Drôle de patrimoine, qui ne commence donc qu'une fois les travaux terminés, les bureaux remplis et les franchises des magasins distribués. Mais nous assistons aussi à « la renaissance d'un symbole urbain ». Symbole de la richesse économique de Marseille, suppose-t-on, qui devrait renaître de ses cendres : depuis les mains suantes des dockers marseillais à celle maniérées des employés des multinationales.

3 500 employés, ça fait 7 000 mains et 35 000 doigts pour pianoter sur des touches d'ordinateurs. Pour, justement, faire dans l'informatique (IBM), pour prendre soin de notre argent (BNP Paribas, Crédit du Nord, Crédit Lyonnais, Société Générale), pour s'assurer que nous en sommes informés (SFR), pour faire dans l'aéronautique (Daher). Finance, télécommunication, industrie de pointe, des secteurs porteurs bien sûr. Des multinationales aux ramifications multiples, qui viennent profiter du soleil marseillais en important directement leurs cadres.

En 2007, on s'est avisé que la ville était habitée, ce qui pouvait également être une source de profit. Il s'est donc agit de rendre l'espace aux marseillais, en leur proposant de profiter du rez-de-chaussée pour venir dépenser leur argent et payer la TVA. Quelques années et 1200 places de parking privé payant plus tard, JP Morgan Asset Management (une branche de JP Morgan Chase, l'une des plus grandes banques américaines et du monde, qui s'occupe de gestion de biens), qui investit 50 millions d'euros dans le projet, pouvait déjà assurer l'accessibilité aux boutiques. Quelle meilleure façon de s'approprier son quartier que d'aller manger chez Zinc Zinc, comme à Neuilly-sur-Seine, un plat à 25€ ? Ou de s'acheter chez Scotch & Soda un débardeur à 50€, comme à Amsterdam ? Pourquoi pas composer son burger chez Big Fernand, comme à Paris, à Neuilly, à Londres ou à Hong-Kong ?

Au cas où on se demanderait ce que les marseillais on à voir là-dedans - si ce n'est, bien sûr, profiter de la revitalisation économique en devenant serveur ou caissier après avoir été maçon ou carreleur -, Les Docks Marseille nous rassurent : le site est fréquenté à 40% par les employés qui travaillent au-dessus et 15% de touristes. Après tout, ce n'est pas comme si un quartier devait offrir des services à ses propres habitants.