Scénario :
Miguel Gomes, Mariana Ricardo, Telmo Churro
Photographie :
Rui Poças
Assistant
caméra : Lisa
Persson
Montage :
Telmo Churro, Miguel Gomes
Son :
Vasco Pimentel
Arrangements
musicaux : Mariana
Ricardo
Montage
son : Miguel
Martins, António
Lopes
Décoration,
costume :
Bruno Duarte
Mixage :
António
Lopes
Interprétation :
Sónia
Bandeira (Tânia), Fábio
Oliveira (Hélder), Joaquim Carvalho (Domingos, producteur de
cinéma), Manuel Soares (Celestino), Andreia Santos (Lena), Armando
Nunes (Gomes), Emmanuelle Fèvre (Fátima),
Diogo Encarnação (Eric), Maria Albarran (Rosa Maria), Nuno Mata
(médecin), Bruno Lourenço, Paulo Moleiro, Acácia
Garcia, Luís
Marante.
Production :
O Som e a Fúria,
Shellac Sud
Producteurs :
Luís
Urbano, Sandro Aguilar
Co-producteurs :
Thomas Ordonneau
Directeur
de production :
Luís
Urbano
Chef
de production :
Patrícia
Almeida
Coordonateur
de production :
Cristina Almeida
Mais le désir de faire le
portrait de cette région, avec ses fêtes et ses concerts estivaux,
n'a pas été le seul point de départ du film. Ayant déjà commencé
à écrire le scénario en 2005, de concert avec Madalena Ricardo,
collaboratrice avec qui il travaille depuis son premier court-métrage
et qui assure les fonctions les plus variées – étant ici
co-scénariste, mais aussi responsable des arrangements musicaux –,
Miguel Gomes désirait réaliser un film qui enregistrât cette
ambiance où la musique joue un rôle fondamental. Mais il prétendait
l'aborder selon l'angle d'une histoire fictionnelle, c'est-à-dire
dans le contexte d'un « mélodrame » sur les amours
d'été, au sein d'un groupe de musique populaire, d'un « trio
incestueux » qui aurait compté une jeune chanteuse, son père,
et son cousin récemment arrivé de la grande ville. D'après ce que
le réalisateur raconte dans une interview, une scène dont il a été
témoin – lors de l'un de ces nombreux bals d'été qui ont lieu
dans presque tout le pays – serait à l'origine du projet.
Cependant, déjà avant la fin de
l'écriture du scénario, la production s'est complexifiée, et ce
qui devait être une histoire relativement homogène et linéaire
s'est rapidement transformé en quelque chose de plus complexe. À la
vérité, la linéarité et l'homogénéité ne sont pas les
caractéristiques qui décrivent le mieux les films de Gomes. Ils se
divisent habituellement en plusieurs parties, avec des
caractéristiques relativement différentes, comme pour le
court-métrage Cantique
des créatures, ou
même dans son unique autre long-métrage, La gueule que tu mérites. Cela
constitue une marque qui d'une certaine façon, passe de film en
film, de même qu'une communauté de thèmes et de participants. Mais
si Cantique des
créatures ou La gueule que tu mérites – film
sur la condition de trentenaire avec une atmosphère assez
« régressive », connotée par des jeux et des
plaisanteries de plusieurs hommes adultes qui se rassemblent dans une
maison au milieu de la forêt – mettaient déjà en évidence cette
hybridité (les premières minutes de Le
visage que tu mérites
se distinguent clairement du reste) en intégrant la division dans
leurs structures, Ce
cher mois d'août suit
le même chemin, mais avec quelques différences. Face aux divisions
plus explicites des films initiaux, qui reposent sur une
bipolarisation claire, Ce
cher mois d'août
prend à contrepied le déroulement linéaire en proposant plusieurs
lignes narratives de façon simultanée, qui se dessinent ou se
diluent graduellement pour donner naissance à d'autres. Cette
subtilité est d'ailleurs un des traits les plus intéressant et
original du film, offrant au montage un rôle déterminant dans sa
construction.
Des problèmes de manque de
financement, à la veille du tournage d'un projet apparemment « plus
conventionnel », ont ainsi déterminé la reformulation de
l'idée de base en donnant naissance au film que nous voyons
aujourd'hui et qui, dans l'une de ses nombreuses parties, fait le
portrait du processus de production lui-même. Et c'est en ce sens
(mais aussi en d'autre moins évidents) que Ce
cher mois d'août est
un exemple parfait du célèbre aphorisme de Godard : « Tous
les grands films de fiction tendent au documentaire, comme tous les
grands documentaires tendent à la fiction. [...] Et qui opte à fond
pour l'un trouve nécessairement
l'autre au bout du chemin. »
En
empruntant ces termes, nous ne pouvons nous empêcher de rappeler que
la polarisation documentaire / fiction est la question qui a occupé
le plus d'espace dans les discussions à propos de Ce
cher mois d'août. C'est
aussi celle qui a alimenté une grande partie des discussions sur
quelques-uns des meilleurs films qui ont été faits ces dernières
années. Et, comme le clarifie le réalisateur même : « Je
n'ai jamais eu l'intention de réaliser un documentaire et une
fiction, et du reste je crois que le résultat n'est pas un
« documentaire + fiction », ni un « documentaire
versus fiction ». Le film est ce qu'il est en fonction des
circonstances de sa production. » Ce qui durant presque une
heure s'apparente à un « documentaire » portant sur les
groupes qui jouent dans l'intérieur du Portugal et sur ses
habitants, commence à se mélanger lentement avec un mélodrame
d'été ainsi qu'avec une supposé dimension de témoignage de sa
propre production qui, en réalité, tient beaucoup de la fiction. À
la suite d'une première « partie » filmée pendant l'été
2006 en 16 mm (transposé en 35 mm) qui montre les fêtes des
villages, tout le fil rouge sera retravaillé de façon à traduire
l'impasse de la production. C'est cela que nous voyons : des
habitants de la zone interviewés dans une première partie qui vont
se transformer en personnages fictionnels ; des membres de
l'équipe technique qui vont devenir des acteurs (le cas le plus
révélateur est celui du directeur de production Joaquim Carvalho,
qui interprète le rôle du père de Tânia) ; une équipe
entière qui simule la construction d'un film (Miguel Gomes discute
avec son producteur quant à la nécessité d'un casting,
alors que dans la réalité on comprend que les « acteurs »
ont déjà été choisis) ; tout cela faisant ainsi converger
les différents niveaux du film dans une même direction.
Entre
les prestation de (et sur) Paulo « Moleiro », personnage
célèbre de la région, et le mélodrame d'un amour estival, ponctué
par des chansons légères, qui soulignent la progression des
sentiments des différents personnages en transformant le film en un
musical, se dresse le pont de Coja sur la rivière Alva, d'où vient
Paulo, et où s'embrassent les deux jeunes amoureux dans un plan
impressionnant. Ce pont est un témoignage clair de la condition qui
traverse tout le film, qui unit ses divers éléments, et qui lui
confère toute sa force.
Joana Ascensão [trad. Piera Simon]
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