A Guerra de Beatriz (La Guerre de Beatriz), premier film Timorais, a été retiré de la programmation du festival de cinéma de Douarnenez par son producteur Lurdes Pires, en signe de protestation suite au refus de l'ambassade de France en Indonésie et au Timor Oriental d'accorder au co-réalisateur du film, Bety Reis, un visa pour l'Europe. L'ambassade française et le ministère des affaires étrangères ont également supprimé les subventions permettant payer les billets d'avion et les visa pour la France de Bety Reis, mais aussi d'autres dignitaires invités, parmi lesquels l'activiste nominé au prix Nobel Benny Wenda.
Quelle que soit la raison politique qui se cache derrière ce refus (A Guerra de Beatriz traite de l'occupation indonésienne durant laquelle entre 180 et 200 000 timorais ont trouvé la mort, et peut-être ne faut-il pas froisser l'image de Prabowo Subianto, candidat aux dernières élections indonésiennes, qui a participé au massacre de Kraras au Timor Oriental), il s'agit ici d'une attitude de censure et d'atteinte à la libre-circulation, en plus d'un refus de reconnaître le poids de l'histoire timoraise. Ou peut-être le poids du désintérêt de la France durant les vingt-quatre années d'occupation indonésienne.
quarta-feira, 30 de julho de 2014
terça-feira, 29 de julho de 2014
Pierre papier ciseaux (Maylis de Kerangal et Benoît Grimbert)
Ce court livre, édité chez Le Bec en l'Air dans la collection
Colatéral, et regroupant donc sous une couverture élégante textes et
photographies, est le résultat d'un atelier d'écriture monté en
Seine-Saint-Denis par Maylis de Kerangal. Trois récits distincts,
correspondant à trois générations différentes, gravitent autour de
l'espace de la Cité-Jardin, un ancien territoire agricole à l'apparence
encore champêtre, peu-à-peu gagné par l'urbanisation des grandes tours
HLM. Entre l'espace lié à la nature, qui subsiste encore sous la forme
de terrain vague sauvagement envahi par les herbes, et les grands
ensembles bétonnés construits à la hâte dans les années soixante devenu
du temporaire de longue durée, un bâtiment est en train de surgir : les
archives de France. C'est sur fond de cette mémoire en boîte qu'évoluent
les personnages.
Ce sont d'abord les souvenirs d'une femme aujourd'hui âgée, qui se souvient de sa jeunesse dans ce quartier qu'elle n'a jamais voulu quitter. Potagers de l'enfance appelant aux rapines, impasses feuillues de l'adolescence où échanger discrètement les premières caresses, elle déplore aujourd'hui un quartier qu'elle continue d'aimer mais qu'elle considère menacé par la population immigrée entassée dans les tours voisines.
Où l'on trouve de jeune adolescent, comme celui du deuxième récit, qui tournent en rond dans le cercle restreint de leurs habitudes. Mais ce jeune personnage, attiré par une fille, va dépasser les frontières invisibles du terrain vague abandonné à la végétation, le "Champ", et ainsi commencer de s'ouvrir à ce qui l'entoure. Il glisse du quartier de classe moyenne au trajet RER vers Paris, et comme dans Corniche Kennedy l'amour adolescent, spontanné, devient la possibilité d'une ouverture sociale.
Le dernier récit raconte la mémoire d'une petite fille de cinq ans : fouillant en secret parmi ses trésors les plus précieux, elle cherche la continuité mystérieuse de son identité dans les objets qu'elle a décidé de garder. Un porte-monnaie Hello Kitty fait d'elle une vraie petite fille aux yeux du monde ; un mouchoir volé à sa mère la rattache à une tradition familiale volatile comme l'odeur qu'il renferme encore ; des photos où elle se reconnaît plus ou moins montrent les changements de son corps et lui permettent de se reconnaître.
En contrepoint des textes, les photos montrent des paysages de végétation touffue dressée devant une tour HLM, entre le terrain vague et le champ en friche. Parfois, de dos, un personnage qui paraît solitairement enfermé dans le silence et contempler avec mélancolie ces espaces mystérieux que l'homme tolère et craint à la limite de son monde.
Ce sont d'abord les souvenirs d'une femme aujourd'hui âgée, qui se souvient de sa jeunesse dans ce quartier qu'elle n'a jamais voulu quitter. Potagers de l'enfance appelant aux rapines, impasses feuillues de l'adolescence où échanger discrètement les premières caresses, elle déplore aujourd'hui un quartier qu'elle continue d'aimer mais qu'elle considère menacé par la population immigrée entassée dans les tours voisines.
Où l'on trouve de jeune adolescent, comme celui du deuxième récit, qui tournent en rond dans le cercle restreint de leurs habitudes. Mais ce jeune personnage, attiré par une fille, va dépasser les frontières invisibles du terrain vague abandonné à la végétation, le "Champ", et ainsi commencer de s'ouvrir à ce qui l'entoure. Il glisse du quartier de classe moyenne au trajet RER vers Paris, et comme dans Corniche Kennedy l'amour adolescent, spontanné, devient la possibilité d'une ouverture sociale.
Le dernier récit raconte la mémoire d'une petite fille de cinq ans : fouillant en secret parmi ses trésors les plus précieux, elle cherche la continuité mystérieuse de son identité dans les objets qu'elle a décidé de garder. Un porte-monnaie Hello Kitty fait d'elle une vraie petite fille aux yeux du monde ; un mouchoir volé à sa mère la rattache à une tradition familiale volatile comme l'odeur qu'il renferme encore ; des photos où elle se reconnaît plus ou moins montrent les changements de son corps et lui permettent de se reconnaître.
En contrepoint des textes, les photos montrent des paysages de végétation touffue dressée devant une tour HLM, entre le terrain vague et le champ en friche. Parfois, de dos, un personnage qui paraît solitairement enfermé dans le silence et contempler avec mélancolie ces espaces mystérieux que l'homme tolère et craint à la limite de son monde.
sábado, 19 de julho de 2014
Étranges Rivages (Arnaldur Indridason, 2013)
Sois brise, mon poème,
caresse les joncs du Styx
chante, apaise et endors
ceux qui attendent
Snorri Hjartarson
caresse les joncs du Styx
chante, apaise et endors
ceux qui attendent
Snorri Hjartarson
Ce n'est pas vraiment une enquête qui amène cette fois-ci le commissaire Erlendur à fouiller dans le passé des gens, bien plus son impulsion habituelle concernant les disparitions. Cette fois-ci l'histoire se passe dans les fjörd de l'est, sur fond de modernisation (une usine d'aluminium et un barage sont en train d'être construits). Erlendur passe son temps à interroger des personnes âgées de l'histoire desquelles peu de gens se souviennent ; à arpenter la région en voiture, dans le froid, pour exhumer des archives et des cadavres ; à questionner des chasseurs qui connaissent l'espace et en ont une maîtrise qui va parfois jusqu'à la collection de ce qu'ils trouvent sur la lande ; à visiter les cimetières.
Au cours du récit, on comprend qu'Erlendur poursuit un double but : expliquer la disparition de Matthildur, jeune femme qui se serait perdue sur la lande lors d'une tempête en 1942 dans des circonstances mystérieuses, et résoudre la disparition de son petit frère, qui le hante depuis le début de la série.
Les grands thèmes qui traversent la série des enquêtes d'Erlendur sont une fois de plus présents. L'importance de la mémoire, celle des personnes âgées surtout, et donc de la transmission orale, ainsi que les archives et les collections, plus ou moins liées aux obessions individuelles, est liée à la peur de voir la modernisation faire table rase sur le passé. "[...] les lieux étaient chargés d'une longue histoire et les gens qui vivaient ici avaient vu la société se transformer. La plus grande et la plus radicale de ces mutations était la construction du gigantesque barrage dans les terre inhabitées et de la fonderie d'aluminium dans le fjord voisin. D'une manière irréversible, le passé allait une nouvelle fois disparaître pour céder la place à des temps nouveaux." (p. 336) L'absence de traces ne permettra plus de revenir en arrière et d'avoir le fin mot d'histoires qui déterminent pourtant, suivant une constance d'Indridason, la suite de l'existence des personnes impliquées. Lorsqu'Erlendur parvient à résoudre l'énigme de la disparition de Matthildur, on peut lire : '"Il avait compris qu'il avait rompu une sorte de statu quo qui avait force de loi. En le rompant, il avait remis l'existence en mouvement." (p. 346)
L'apaisement ne vient qu'avec le fin mot de l'histoire et le repos des disparus.
Étranges Rivages, traduit de l'islandais par Eric Boury, ed. Métaillié, 2013, 352 pages.
quarta-feira, 16 de julho de 2014
La coupe du monde que les médias n'ont pas montrée...
[texte écrit collectivement à Belo Horizonte le 14 juillet 2014]
Le déroulement de la Coupe du Monde a donné lieu à la violation quotidienne d'un grand nombre de libertés et droits fondamentaux au Brésil, avec une intensité qui n'est pas sans rappeler les années sombres de la dictature militaire. Cette violence institutionnalisée dont a fait preuve le gouvernement brésilien, mise en pratique par sa Police Militaire pour garantir la réalisation du Mondial et protéger des intérêts privés, a atteint des proportions alarmantes. Ce texte a pour intention de briser le silence des médias nationaux et internationaux sur le sujet.
Le déroulement de la Coupe du Monde a donné lieu à la violation quotidienne d'un grand nombre de libertés et droits fondamentaux au Brésil, avec une intensité qui n'est pas sans rappeler les années sombres de la dictature militaire. Cette violence institutionnalisée dont a fait preuve le gouvernement brésilien, mise en pratique par sa Police Militaire pour garantir la réalisation du Mondial et protéger des intérêts privés, a atteint des proportions alarmantes. Ce texte a pour intention de briser le silence des médias nationaux et internationaux sur le sujet.
Les actions
violentes pratiquées remettent au
goût du jour le débat sur la
démilitarisation de la police au
Brésil, débat qui est pris de plus
en plus au sérieux depuis les
mouvements sociaux de juin 2013.
La Police Militaire qui encadre
les populations civiles au Brésil,
telle qu'elle existe aujourd'hui,
est un produit de la dictature
militaire qui l'utilisait à
l'époque comme principal outil de
répression contre les opposants au
régime. La lutte pour la fin de la
Police Militaire a gagné du
terrain depuis que l'ONU a
recommandé, en 2012, la
démilitarisation de la police
brésilienne afin de garantir un
plus grand respect des droits de
l'homme dans le pays.
Cependant, le
Brésil a rejeté cette proposition,
et la tendance prise par les
récents évènements semble aller
dans une direction exactement
contraire. Pour permettre la
réalisation du Mondial, un grand
nombre d’irrégularités, de
violation de droits de l'homme et
de pratiques
anticonstitutionnelles ont crée un
climat général d'insécurité. Les
lois censées protéger les citoyens
ont été violées ouvertement et
réinterprétées selon des intérêts
privés. De nouvelles lois ont été
crées, dans un État d’exception,
comme la Loi Générale de la Coupe
et les décrets qui la réglemente.
Il n'existe au Brésil plus aucune
sécurité juridique.
Le samedi 12
juillet 2014, à Rio de Janeiro,
à la veille de la finale de la
Coupe du Monde, des dizaines de
personnes, connues par la police
pour leurs opinions politiques,
ont été arrêtées à leur domicile
« préventivement ». En d'autres
termes, ils étaient accusés d'un
crime qu'ils pourraient avoir
l'intention de commettre, sans
aucun autre chef d'accusation. À
l'heure où ce texte est écrit,
ils sont encore en prison dans
l'un des plus grands centre
pénitencier de la ville. Cette
pratique avait déjà eu lieu la
veille de l'ouverture du
Mondial. Il est arrivé que
certains membres de la famille
des « suspects » soient aussi
arrêtés ou violemment menacés.
Depuis
que
la Coupe du Monde a commencé au
Brésil, l'arrestation arbitraire
de personnes sans justificatifs,
suivie de tortures physiques et
psychologiques est devenu un
fait habituel .Les arrestations
de journalistes sont également
devenues banales, s'accompagnant
souvent d'agressions physiques
et d'intimidation ou encore du
vol ou de la destruction de leur
matériel de travail. Le jour de
l'ouverture du Mondial la
journaliste indépendante Karinny
de Maglhães
a été torturée et tabassée
durant plusieurs heures dans un
commissariat de Belo Horizonte,
subissant un harcèlement moral
et sexuel constant. Lors de la
seule manifestation du 13
juillet, jour de la Finale, 15
journalistes ont été blessés par
la police à Rio de Janeiro, dont
certains roués de coup au sol,
sous les rires des policiers.
L'intimidation et l'usage de la
force contre les avocats
accompagnant les manifestations
se sont également banalisés. À São
Paulo, l'avocat Daniel Biral a
été arrêté, passé à tabac et
menacé de mort après avoir
demandé l'identification d'un
policier. À plusieurs reprises,
la
police n'a pas hésité à
fabriquer de fausses preuves
pour condamner des
manifestants, comme dans le
cas de Fabio Hideki, accusé de
transporter des matériaux
explosifs qui ne sont apparus
qu'après son arrivée au
commissariat et non pendant la
première fouille qui s'est
faite devant le public et les
caméras. Des
livres ont été saisis sur des
manifestants, et utilisés comme
preuve car considérés comme
« subversifs », exemple de la
persécution idéologique
pratiquée par la Police
Militaire ainsi que par l'État
brésilien.
La police a usé
fréquemment de gazs lacrymogènes
et flash-balls contre des
rassemblements totalement
pacifiques, comme ça a été à
Porto Alegre ou à Belo
Horizonte, contre des familles
qui occupaient un bâtiment
publique pour exiger de
meilleures conditions de
logement. Il y a eu également
plusieurs cas d'utilisation
d'arme à feu contre les
manifestants, notamment à Rio de
Janeiro, fait qui a été
documenté par les caméras de la
presse indépendante.
L'interdiction
d'accès
à des espaces publiques et la
violation du droit d'aller et
venir sont devenus la norme,
particulièrement aux alentours
des stades ou des lieux de
manifestation. Se sont
reproduits, à plusieurs
reprises, les encerclements
policiers autour de
manifestants, empêchant les
personnes de circuler ou de se
réunir durant de longues
heures, notamment à Belo
Horizonte et Porto Alegre,
violant ouvertement le droit
d'aller et venir et le droit
de manifester, pratique
courante dans les régimes
autoritaires. Le droit de
grève a également été
littéralement réduit en
miettes à São
Paulo, lorsque la police s'est
violemment attaqué aux
employés du métro qui
s'étaient mis en grève à la
veille du Mondial, tandis que
l'entreprise licenciait à
tours de bras les salariés
ayant participé au mouvement,
en guise de punition.
D'énormes contingents de la
Police Militaire ont
systématiquement encerclés,
dans un clair but
d'intimidation, chaque réunion
publique, assemblée de rue ou
événement culturel ouvertement
contraire à l’organisation de
la Coupe du Monde.
N'importe quelle fête populaire
qui ne correspondait pas aux
strictes normes imposées par la
Fifa et le gouvernement ont été
interdits ou même violemment
réprimées, comme par exemple
dans le quartier de Cambuci, à São
Paulo, où des familles qui
faisaient la fête après un match
ont été attaquées par la police
à coup de gaz lacrymogènes et de
tirs de flash-balls, accusés de
« tapage nocturne ». La violence
contre la population sans
domicile fixe s'est cruellement
intensifiée, de nombreuses
arrestations arbitraires ont eu
lieu, souvent basées sur des
critères raciaux. De la même
façon, se sont intensifiés les
contrôles de police basés sur
des critères raciaux, sociaux ou
politiques. Comme on pouvait s'y
attendre, la violence policière
à l'égard des plus pauvres s'est
fortement aggravée. Durant la
seule période du Mondial, au
moins huit jeunes – six d'entre
eux étant mineurs – et un enfant
de trois ans ont été tués par la
Police Militaire, dans la seule
ville de Rio de Janeiro. Toutes
les victimes étaient issus de favelas.
Cette énumération
des faits a pour intention de
donner une idée générale de la
violence générée dans le pays, en
raison de l'organisation du
Mondial, et ne prétend en aucun
cas être exhaustive.
Nous considérons que
cette violence ne traduit pas
uniquement la volonté d'étouffer
toute forme contestation qui aurait
pu gêner le bon déroulement du
Mondial mais qu'elle possède une
portée politique plus profonde.
Cette répression acharnée semble
être une tentative de museler par la
terreur la culture de résistance et
de lutte qui s'est renforcée et
s'est répandue dans le pays depuis
les grands mouvements sociaux de
juin 2013. Dans un pays où,
traditionnellement, la ségrégation
et l'injustice sociale se
reproduisent de génération en
génération par la loi du plus fort,
les tirs et coups portés visent en
réalité à empêcher toute possibilité
de contestation devant l'ordre
établi et les injustices de la
société brésilienne, cherchant par
la même occasion à briser l'espoir
de transformation sociale que cette
possibilité abrite.
Ce texte
a été écrit collectivement, à Belo
Horizonte, le 14 juillet 2014.
domingo, 13 de julho de 2014
Balibó (Robert Connoly, 2009)
Le film débute en 2009, 7 ans après l'indépendance du Timor
Oriental. Juliana (Bea Viegas), veuve, mère de 4 enfants, a accepté de témoigner de
ce qu'elle a vu de l'histoire de son pays durant l'occupation
indonésienne. Une première séquence la montre à l'époque actuelle, dans un univers quotidien peuplé
de tombes plus que de vivants et dont l'on devine la dureté. Son récit débute le jour de
l'invasion indonésienne, le 7 décembre 1975, 9 jours après que le
Fretilin (Front Révolutionnaire du Timor Oriental Indépendant) a déclaré
l'indépendance du pays.
Juliana se souvient d'avoir vu un homme qu'elle connaissait, et rapidement, l'histoire devient celle du journaliste australien Roger East (Anthony LaPaglia). Celui-ci s'est retrouvé au Timor en octobre 1975, invité par José Ramos Horta (Oscar Isaac) à venir diriger une agence de presse à Dili, mais beaucoup plus intéressé par le sort de cinq journalistes australiens portés disparus. En se lançant sur leurs traces, il découvre peu à peu les atrocités de l'armée indonésienne qui n'agit pas encore officiellement. Les cinq journalistes s'avèrent avoir été assassinés par des militaires indonésiens en civil, sans avoir le temps de faire parvenir en Australie les images des navires de guerre indonésiens croisant au large du Timor sans aucune autorisation. Roger East prend le parti de rester à Dili, où le surprendra la brutale invasion indonésienne. Et Juliana raconte donc, à la fin du film, comment elle l'a vu mourir.
La construction du film est volontairement émotive : le spectateur y est introduit par le flash-back initial d'une femme meurtrie et en pleurs, qui se souvient des violences dont elle a été témoin dans son enfance. Nous sommes donc des témoins innocents et impuissants, sans prise sur les événements. La caméra, souvent a l'épaule, tourne autour de l'émotion des personnages sans trop s'en approcher, en les incluant dynamiquement dans les mêmes plans que leurs macabres découvertes. La bande-son est composée de grands classiques de la chanson timoraise.
Les histoires enchâssées de Roger East et des cinq journalistes, qui alternent au cours du film, posent des questions (basiques) d'engagement de l'individu, de la place et du pouvoir de la presse, de la légitimité et du pouvoir de l'étranger. Et bien sûr, tendent à démontrer les exactions commises par les indonésiens (quoiqu'une scène où des soldats du Fretilin maltraite un "traître" tente de suggérer que la violence existe dans les deux camps), tout en distillant en arrière-plan une responsabilités des pouvoirs occidentaux (mise à disposition d'argent et d'armes ou non-intervention, le Fretilin étant opportunément accusée d'obédience marxiste).
Donner ainsi un aperçu d'une Histoire générale par le biais d'un épisode dramatique et dramatisable est une façon somme toute très classique de traiter le sujet, sans y impliquer le spectateur outre mesure. La perspective reste définitivement australienne, le public timorais mainstream ne devant pas être quantitativement très rentable... Mais le film a au moins le mérite d'évoquer une invasion et une occupation de 24 ans et 183 000 morts, sur lesquelles le reste du monde a largement fermé les yeux.
Juliana se souvient d'avoir vu un homme qu'elle connaissait, et rapidement, l'histoire devient celle du journaliste australien Roger East (Anthony LaPaglia). Celui-ci s'est retrouvé au Timor en octobre 1975, invité par José Ramos Horta (Oscar Isaac) à venir diriger une agence de presse à Dili, mais beaucoup plus intéressé par le sort de cinq journalistes australiens portés disparus. En se lançant sur leurs traces, il découvre peu à peu les atrocités de l'armée indonésienne qui n'agit pas encore officiellement. Les cinq journalistes s'avèrent avoir été assassinés par des militaires indonésiens en civil, sans avoir le temps de faire parvenir en Australie les images des navires de guerre indonésiens croisant au large du Timor sans aucune autorisation. Roger East prend le parti de rester à Dili, où le surprendra la brutale invasion indonésienne. Et Juliana raconte donc, à la fin du film, comment elle l'a vu mourir.
La construction du film est volontairement émotive : le spectateur y est introduit par le flash-back initial d'une femme meurtrie et en pleurs, qui se souvient des violences dont elle a été témoin dans son enfance. Nous sommes donc des témoins innocents et impuissants, sans prise sur les événements. La caméra, souvent a l'épaule, tourne autour de l'émotion des personnages sans trop s'en approcher, en les incluant dynamiquement dans les mêmes plans que leurs macabres découvertes. La bande-son est composée de grands classiques de la chanson timoraise.
Les histoires enchâssées de Roger East et des cinq journalistes, qui alternent au cours du film, posent des questions (basiques) d'engagement de l'individu, de la place et du pouvoir de la presse, de la légitimité et du pouvoir de l'étranger. Et bien sûr, tendent à démontrer les exactions commises par les indonésiens (quoiqu'une scène où des soldats du Fretilin maltraite un "traître" tente de suggérer que la violence existe dans les deux camps), tout en distillant en arrière-plan une responsabilités des pouvoirs occidentaux (mise à disposition d'argent et d'armes ou non-intervention, le Fretilin étant opportunément accusée d'obédience marxiste).
Donner ainsi un aperçu d'une Histoire générale par le biais d'un épisode dramatique et dramatisable est une façon somme toute très classique de traiter le sujet, sans y impliquer le spectateur outre mesure. La perspective reste définitivement australienne, le public timorais mainstream ne devant pas être quantitativement très rentable... Mais le film a au moins le mérite d'évoquer une invasion et une occupation de 24 ans et 183 000 morts, sur lesquelles le reste du monde a largement fermé les yeux.
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