segunda-feira, 18 de março de 2013

Duel (Spielberg, 1971)


Initialement destiné à la télévision (1971), le premier long-métrage de Spielberg obtiendra le succès et les 15 minutes supplémentaires nécessaires à sa sortie dans les salles obscures (1973). Un script résumé en quelques mots, adapté de la nouvelle éponyme de Richard Matheson dénichée au milieu d'un Playboy, et pourtant Duel tient le spectateur en haleine, Spielberg en profitant déjà pour développer quelques-uns des sujets majeurs de son futur cinéma.

David Mann (Dennis Weaver) (ce même « John Do » cher à Capra, que devient Indiana Jones en chaussant ses lunettes) croit que sa journée va se dérouler comme toutes les autres, et que sa petite voiture rouge le conduira sans histoire à sa destination. Mais le voilà pris en chasse par un truck menaçant, arborant les plaques d'immatriculations de ses précédentes victimes comme autant de marques à la crosse d'un revolver... Le chassé-croisé s'engage, et le camion ahanant sa noire fumée devient un prédateur que la longue focale et les caméra sur trépieds bas n'ont de cesse de rendre plus rapide. Bip-Bip et le coyote, un peu. Et les seventies, c'est sûr, il n'y a qu'à voir le grain de l'image et la façon dont les véhicules collent au décors.

Fidèle à l'adage de Tourneur qui fit La Féline avant lui, Spielberg pour mieux faire sentir le danger ne montrera que les santiags du camionneur, et jamais sont visage. A défaut, celui de David Mann envahit l'écran, de plus en plus déformé par la courte focale à mesure que la menace du camion se précise, et que la bande-son est envahie par sa voix-off paniquée. Pas de bol pour lui, tous les clients du bar où il s'arrête portent des santiags, et le travelling suivra son incertitude et sa détresse (presque) jusqu'à ce qu'il aperçoive le camion démarrant derrière la vitre... Loupé, une fois de plus.

L'affrontement n'aura donc lieu que sur la route : entre la vaillante petite voiture au niveau de laquelle la caméra se place dès le début du film, et le truck mal dissimulé derrière un virage, dont le pare-brise a des marques d'essui-glace en forme d'yeux et un radiateur à dents pointues... Un monstre mécanique auquel fera suite 4 ans plus tard celui, aquatique, des Dents de la mer. D'ailleurs, le cri d'agonie du camion est le même que celui du requin, qui est le même que celui du T-Rex.

David Mann surexcité et enfin vainqueur se découpera en noir sur le soleil couchant, prêt à retourner au néant pro-filmique dont il est issu, c'est-à-dire le noir complet des premières secondes du film, précédant l'ouverture de la porte du garage (La prisonnière du désert avez-vous dit ?). C'est-à-dire aussi à sa vie de tous les jours, celle où sa femme le mène à la baguette, où la radio le lui confirme sarcastiquement, où la moindre mégère prend plaisir à l'enfermer dans le surcadrage de la porte ouverte d'une machine à laver. Cette journée aura au moins appris à David Mann ce que l'on risque à souhaiter que son quotidien soit bouleversé – et ce film aura au moins appris au spectateur ce que Spielberg, avec 15 jours de tournage et une audace rare, pouvait proposer comme premier long-métrage.

Sem comentários:

Enviar um comentário