domingo, 13 de julho de 2014

Balibó (Robert Connoly, 2009)

Le film débute en 2009, 7 ans après l'indépendance du Timor Oriental. Juliana (Bea Viegas), veuve, mère de 4 enfants, a accepté de témoigner de ce qu'elle a vu de l'histoire de son pays durant l'occupation indonésienne. Une première séquence la montre à l'époque actuelle, dans un univers quotidien peuplé de tombes plus que de vivants et dont l'on devine la dureté. Son récit débute le jour de l'invasion indonésienne, le 7 décembre 1975, 9 jours après que le Fretilin (Front Révolutionnaire du Timor Oriental Indépendant) a déclaré l'indépendance du pays.


Juliana se souvient d'avoir vu un homme qu'elle connaissait, et rapidement, l'histoire devient celle du journaliste australien Roger East (Anthony LaPaglia). Celui-ci s'est retrouvé au Timor en octobre 1975, invité par José Ramos Horta (Oscar Isaac) à venir diriger une agence de presse à Dili, mais beaucoup plus intéressé par le sort de cinq journalistes australiens portés disparus. En se lançant sur leurs traces, il découvre peu à peu les atrocités de l'armée indonésienne qui n'agit pas encore officiellement. Les cinq journalistes s'avèrent avoir été assassinés par des militaires indonésiens en civil, sans avoir le temps de faire parvenir en Australie les images des navires de guerre indonésiens croisant au large du Timor sans aucune autorisation. Roger East prend le parti de rester à Dili, où le surprendra la brutale invasion indonésienne. Et Juliana raconte donc, à la fin du film, comment elle l'a vu mourir.


La construction du film est volontairement émotive : le spectateur y est introduit par le flash-back initial d'une femme meurtrie et en pleurs, qui se souvient des violences dont elle a été témoin dans son enfance. Nous sommes donc des témoins innocents et impuissants, sans prise sur les événements. La caméra, souvent a l'épaule, tourne autour de l'émotion des personnages sans trop s'en approcher, en les incluant dynamiquement dans les mêmes plans que leurs macabres découvertes. La bande-son est composée de grands classiques de la chanson timoraise.

Les histoires enchâssées de Roger East et des cinq journalistes, qui alternent au cours du film, posent des questions (basiques) d'engagement de l'individu, de la place et du pouvoir de la presse, de la légitimité et du pouvoir de l'étranger. Et bien sûr, tendent à démontrer les exactions commises par les indonésiens (quoiqu'une scène où des soldats du Fretilin maltraite un "traître" tente de suggérer que la violence existe dans les deux camps), tout en distillant  en arrière-plan une responsabilités des pouvoirs occidentaux (mise à disposition d'argent et d'armes ou non-intervention, le Fretilin étant opportunément accusée d'obédience marxiste).

Donner ainsi un aperçu d'une Histoire générale par le biais d'un épisode dramatique et dramatisable est une façon somme toute très classique de traiter le sujet, sans y impliquer le spectateur outre mesure. La perspective reste définitivement australienne, le public timorais mainstream ne devant pas être quantitativement très rentable... Mais le film a au moins le mérite d'évoquer une invasion et une occupation de 24 ans et 183 000 morts, sur lesquelles le reste du monde a largement fermé les yeux.

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