sábado, 2 de outubro de 2010

Sirk vs Tourneur (ou : la revanche des States)


I walked with a zombie VS Interlude

Deux jeunes héroïnes, pures et bienveillantes, confrontées à la complexité du monde à travers l'amour qu'elles portent à un personnage masculin... Joan la canadienne succombera aux charmes du très british, tout en retenu et fort chevaleresque Paul, plutôt que de se laisser aller du côté de l'enjoué - mais buveur - amerlo Winsley. Exilée elle aussi, mais depuis les States pour la vieille Europe qu'elle a toujours rêvé de connaître (violons), la jeune Helen (flûtes) doit elle aussi choisir entre le tourmenté et bouillonnant chef d'orchestre d'ascendance italienne (crescendo : entrée des cuivres), Tony - et le gentil docteur américain destiné à une carrière honorable dans la gent médicale une fois qu'il aura rejoint son pays natal (saxophone).

Tous ces hommes sont très attentionnés, faisant des pieds et des mains pour éviter aux héroïnes de souffrir (ce qui produit évidemment l'effet inverse), lesquelles héroïnes perdront quelque chose de leur enfance (caractérisé par l'enjouement ou la peur du noir, l'émerveillement et la simplicité, ça dépend si on est dans le mélo ou la terreur, le technicolor ou le black & white) à vouloir aider les hommes qui dans le fond en ont fort besoin. Tout ce beau monde baigne joyeusement dans la culpabilité, l'un d'en aimer une autre alors que sa femme, folle, a besoin de lui ; l'autre d'en aimer une autre alors qu'il n'aime plus sa femme, zombie, et qu'il se croit responsable de son état. Le mélo, fort retord, renvoit tout le monde au bercail en assénant que chacun appartient à son monde, et que les incursions de part et d'autre peuvent, à la rigueur, servir à mieux apprécier ce à quoi l'on est destiné (à savoir, pour Helen, la vie de famille dans une banlieue américaine, à préparer le repas chaque soir en regardant la télé et en lingeant le gosse, lequel se met à hurler alors que le père rentre avec le journal du soir de sa journée de boulot, enlève son chapeau, embrasse sa femme, raconte qu'il fait beau et qu'il a opéré Mrs Smith des amygdales, et qui va fumer une pipe dans son fauteuil en regardant un épisode de Twillight Zone* et **) (non, je n'invente pas, la jeune fille regrette vraiment de ne pas avoir rencontré son docteur au dancing du coin de sa rue à Philadelphia, ou peut-être à la laverie automatique, ou chez le coiffeur, ou dans les toilettes du centre commercial, je ne sais plus). Le film de terreur est de son côté plus optimiste côté mélanges culturels, même si la relation de Paul et Joan ne commence pas sous l'égide des plus belles auspices (il a tout de même fallu attendre que le frère tue la femme puis meure à son tour - ce à quoi ne pu se résoudre la trop innocente Helen, alors qu'il suffisait pourtant de laisser les choses couler***), et que le Canada à plus à voir avec les States que l'Italie et l'Allemagne (faut-il croire).

Question : est-ce que le début de The hours a à voir avec la poursuite finale et apocalyptique de la fin de Interlude ?



* pitié, n'en jetez plus. On dirait Sinatra prenant Novak échappée de Bell, Book and Candle (et non de Vertigo) par l'épaule pour construire un foyer imaginaire en rêvassant face à une vitrine où est exposée une cuisine aménagée.  

** L'épisode en question serait de Tourneur bien sûr : A night call

*** D'ailleurs, l'eau fait peur dans les deux cas : mer des tropiques rendu magnifique par les éclats lumineux de - nous l'apprenons grâce à l'intervention du sympathique Paul - petits organismes en putréfaction, où a fait naufrage le navire qui apportait les esclaves, qui est symbole d'amour et de douleur (Joan va de nuit déclarer sa flamme à l'océan ; le frère s'y noit ; la figure de proue sauvée des eaux est un martyr) mais n'en est pas moins là à ne pouvoir être jugé (on y pêche pour subsister - et on y trouve des cadavres). Côté mélo, l'eau coule comme le temps passe, et subsiste à la durée du film : le dernier plan montre évidemment la rivière (mais c'est un crédo du genre : au hasard, Some Came Running, The Cobweb). Mais la rivière est aussi passage, décision à prendre : Helen enlevant ses chaussures pour se jeter à la suite de la femme de Tony, en laissant flotter autour d'elle comme une vraie Ophélie sa longue robe blanche, devient une femme, une vraie, du genre de celle qui sait prendre son destin en main (pour le poser sur l'épaule du premier homme qui passe, mais c'est un autre débat)

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